mardi 12 juillet 2016

Chronique lecture #50 - Point final / William Lafleur



Editeur : Michel Lafon
Prix : 14.95€
Nombre de pages : 171p.
Genre : Contemporain
Résumé :

L'homme mort est le journal de bord d'un père de famille ayant mis en scène son propre décès pour observer les réactions de sa famille. Reclus derrière son ordinateur, il les regarde vivre au travers de ses écrans, grâce aux caméras et micros dont il a truffé son domicile avant de disparaître.

Je remercie en premier lieu les Editions Michel Lafon ainsi que Livraddict qui m'ont très gentiment permis de recevoir ce roman pour un partenariat.

J'étais très enthousiaste à l'idée de le découvrir, d'une part car son résumé m'a vraiment tapé dans l'oeil et d'autre part car son auteur est en fait Mr le Prof, qui sévit beaucoup sur les réseaux, notamment Twitter, en racontant avec beaucoup d'humour son quotidien de prof d'anglais. J'avais donc très envie de le lire dans un registre totalement différent !

Mon avis va être assez compliqué à écrire, dans la mesure où j'ai des impressions assez éloignées les unes de autres avec cet ouvrage, et que j'ai beaucoup de choses à dire !

Considérons d'abord les points positifs. J'ai trouvé l'histoire très originale. Le fait que tous ces écrits aient d'abord été postés en ligne sur un blog ("L'Homme Mort") est vraiment intéressant. C'est une nouvelle manière de mettre en parallèle le web et l'écriture à proprement parlé. De plus, elle met aussi en parallèle les lecteurs virtuels et nous, les lecteurs du roman papier. 
Nous sommes dans la même situation en terme de contexte mais pas en ce qui concerne le support. 

C'est une histoire comme on en a rarement vu dans le sens où l'auteur rend ses lecteurs virtuels complices de son méfait. Il se fait passer pour mort, ses lecteurs le savent mais le lisent quand même. C'est très malsain car ils sont spectateurs de la souffrance d'une famille sans agir pour l'arrêter. L'auteur le dit d'ailleurs lui-même, mais la curiosité l'emporte sur la morale. 
Nous faisons malheureusement face, avec ce récit, à une représentation des mauvais côtés d'internet, la curiosité mal placée, à la limite du voyeurisme, les faibles lignes entre vie privée et publique, le jugement facile et gratuit, en bref, les dérives du réseau. 

Pour moi, ce roman fait de manière générale, office d'interrogation globale sur la vie par procuration qu'on peut maintenant très facilement avoir via nos écrans. Que ce soit par le pitch lui-même ou par les nombreuses scènes du fils scotché devant son ordinateur, on est confronté à une forme de relations sociales virtuelles que l'on ne connaît que trop bien.

Pour illustrer ces propos, on a d'ailleurs en fin d'ouvrage une sélection de commentaires laissés par les internautes. J'ai trouvé cela très intéressant, on découvre les réactions à chaud des lecteurs, qui reflètent bien d'ailleurs ce que je vous exposais juste au dessus.

"Je vais peut-être passer pour sadique ou immorale, mais je t'encourage à continuer."

"Tu es assez con et mesquin et [...] naïf pour nous faire croire que tu te fais passer pour mort? [...] Tu as plutôt l'air d'un gros con."

"[...] préparez votre résurrection, ou terrez-vous seul, loin des gens qui vous aiment pour ne pas sombrer dans la folie. Zone où vous êtes déjà bien avancé."

Ces derniers s'interrogent, essayent de démêler le faux du vrai de savoir si c'est moral ou non à la fois de publier cette histoire mais aussi de la lire. Au final ce qui est pertinent avec ce format livre, c'est que les questions que nous nous posons en tant que lecteurs papier ne sont pas les mêmes qu'eux se posaient via le blog. On a un recul supplémentaire et les problématiques deviennent différentes, on voit les choses sous un autre angle. C'est une belle mise en abîme, nous sommes spectateurs des spectateurs.

Malgré tous ces bons points, ma lecture a été un peu fastidieuse. Si, comme je le disais, j'ai trouvé le sujet très intéressant, il est finalement assez répétitif et on avance pas réellement au cours des pages. J'imagine que lors de sa publication initiale en tant que blog, cela devait moins se ressentir dans le sens où les lecteurs devaient lire un ou deux articles par jour et non tout à la suite. 

J'ai eu du mal avec le style. Je ne saurais pas réellement dire pourquoi mais je n'ai pas réussi à entrer entièrement dans ma lecture. Il est assez moderne, comme le veux la plateforme de base. Peut-être ai-je également ressenti un manque de descriptions des sentiments au profit de descriptions de situations, j'ai eu l'impression de rester à l'extérieur du récit. Je m'attendais, au contraire, à passer par plusieurs émotions que le sujet laisse supposer, colère, écœurement voire haine vis-à-vis d'un homme qui regarde sa famille souffrir, mais je suis restée tristement de marbre durant ma lecture... Le fait d'avoir beaucoup de problématiques auxquelles j'avaient envie de réfléchir m'ont peut-être aussi fait sortir du récit en lui-même.

Je ne sais pas si c'est le format qui ne m'a pas convenu ou simplement le style ou une combinaison des deux. Je pense en tous les cas que j'aurais préféré lire les opinions que l'auteur met en avant, et qui m'intéressent, sous une autre forme. Je vous recommande cependant la lecture de ce roman pour les raisons évoquées en début de chronique et surtout pour les réflexions que ce roman nous fait mener (preuve en est la taille de cette chronique!). Le style étant de plus quelque chose de très personnel, j'ai vu pas mal d'avis très positifs concernant l'ensemble du roman, il sera peut-être fait pour vous ! 

4 commentaires:

  1. Le sujet peut être intéressant mais les points négatifs que tu cites me repoussent, en fait. Je ne sais pas si je me laisserais tenter :-/

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    1. Comme je le disais j'ai aimé le fond mais pas tellement la forme...
      Si le sujet intéressant ça vaut peut-être le coup d'essayer :)

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  2. Les répétitions, ça m'horripile un peu! Mais le sujet a l'air intéressant!

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    1. C'est sûr ! Ca ne fait en rien avancer la lecture !
      Le sujet est intéressant effectivement comme j'ai pu l'expliquer :) Le fond m'a bien plus plu que la forme ^^

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