Chronique lecture #44 - Les gens heureux lisent et boivent du café / Agnès Martin-Lugand

Editeur : Michel Lafon

Prix : 14,95 €

Nombre de pages : 253p.

Genre : Contemporain

Résumé :

« Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier. […] J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant. Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux. »

Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. C’est peut-être en foulant la terre d’Irlande, où elle s’exile, qu’elle apercevra la lumière au bout du tunnel.

Contrairement à mon habitude, ce n'est pas le résumé de ce livre qui m'a poussé à l'emprunter à la bibliothèque. Je pense que c'est le genre d'histoire devant laquelle je serais restée de marbre en librairie, à laquelle je ne me serais pas intéressée si on ne m'en avait pas parlé.

Et puis à force qu'on me le recommande, la maman d'une amie, la blogo, mes collègues bibliothécaires... je m'y suis enfin mise.

Je n'en attendais pas grand chose dans la mesure où je m'attendais à une histoire d'amour qui, comme la plupart du temps allais me faire soupirer et lever les yeux au ciel. Et bien, comme je l'ai dis plusieurs fois depuis le début de l'année dans mes chroniques, j'ai bien fait de dépasser mes préjugés, de ne pas juger le livre à sa couverture comme on dit.

L'histoire est certes assez simple, mais c'est cette simplicité qui la rend si touchante. On est face à un personnage qui traverse une épreuve terrible, que les mots peuvent à peine décrire. On commence au moment où cela se produit, on a quelques secondes d'un grand bonheur et pop, la bulle éclate. S'ensuit une traversée du désert pour Diane, qu'on peut aisément comprendre et qu'on nous décrit très bien.

La plume d'Agnès Martin-Lugand décrit cette épreuve avec justesse, sans en faire trop, sans essayer d'en faire des métaphores et des effets de style. C'est une plume qui nous touche parce qu'elle est vraie, directe, brutale peut-être même parfois mais belle. 

Diane est un personnage qui m'a profondément émue. On a mal, on croit, on reprend espoir, on chute avec elle. On a une furieuse envie qu'elle sorte la tête de l'eau parce qu'elle le mérite. 

J'ai encore une fois apprécié le voyage dans ce roman, je me suis de nouveau retrouvée en Irlande, décidément ça me suit ! Ici cela prend d'autant plus d'ampleur puisque on ressent totalement la bouffée d'air frais que cela donne à la vie de Diane, on se sent nous aussi au bord de la mer à perte de vue, dans le silence de la petit bourgade de Mulranny.

C'est d'ailleurs un peu ce que ce roman m'a fait ressentir, il a un peu été mon Mulranny à moi. Non pas que j'en ai un besoin particulier à la différence de Diane, mais ce roman m'a fait me sentir dans une atmosphère particulière, dans une sorte de bulle de laquelle je n'avais pas envie de sortir. Je me suis sentie extrêmement paisible au sortir de ma lecture, je ne saurais trop l'expliquer. peut-être parce que ce roman est un message d'espoir finalement, aussi dures que peuvent nous paraître les épreuves de la vie, on s'en sort un jour.

C'est assez fou puisque on ressent ce flot d'émotion et cette immersion en 250 pages, qui d'ailleurs sont passées à une vitesse incroyable. J'ai lu ce roman en un jour, ce qui ne m'arrive que très rarement, pour ne pas dire jamais.

Agnès Martin-Lugand arrive même à nous distiller quelques traits d'humour avec le personnage de Félix, haut en couleurs. C'est justement dosé, en amenant de la légèreté dans le récit sans en faire trop face à la détresse de Diane. Cela m'a fait beaucoup apprécier ce personnage. 

J'ai également beaucoup aimé celui de Judith, petite tornade qui vient remuer Diane même sans son accord. Quand à Edward, je suis mitigée, j'ai du mal à y croire. C'est ce qui me fait mettre 17 à ce roman et non pas plus, la romance reste un peu trop rapide pour moi, même si je peut comprendre qu'après d'horribles épreuves on puisse se jeter à corps perdu dans autre chose.

J'ai également emprunté la suite, La vie est facile ne t'inquiète pas, que je lirais dans le mois à mon avis, et dont vous aurez donc une chronique sous peu. Bref, un livre sur lequel je n'aurais pas forcément misé mais qui m'a transporté comme peu de livres l'ont fait.

Voilà, une chronique assez courte mais le roman l'est aussi. Je pense cependant, du moins j'espère, vous avoir fait comprendre ce que j'ai pu vivre à la lecture de ce roman. Je vous conseille fortement d'essayer, vous aussi.

(Ah oui et accessoirement, j'ai maintenant envie d'ouvrir un café littéraire, voilà).