samedi 10 octobre 2015

Chronique lecture #13 - Purge / Sofi Oksanen


Editeur : Le Livre de Poche
Prix : 7,60 €
Nombre de pages : 430 p.
Genre : Jeunesse, Contemporain / Historique
Résumé :

1992, fin de l’été en Estonie. L'Union soviétique s'effondre et la population fête le départ des Russes. Sauf la vieille Aliide, qui redoute les pillages et vit terrée dans sa ferme. Lorsqu’elle trouve dans son jardin Zara, une jeune femme que des mafieux russes ont obligée à se prostituer à Berlin, meurtrie, en fuite, elle hésite à l’accueillir. Pourtant, une amitié finit par naître entre Zara et elle. Aliide aussi a connu la violence et l’humiliation… A travers ces destins croisés pleins de bruit et de fureur, c’est cinquante ans d’histoire de l’Estonie que fait défiler Sofi Oksanen.

Mon avis :

J'ai terminé Purge. Je n'ai pas pour autant digéré Purge. Il m'a tenu éveillée jusqu'à deux heures cette nuit, et j'ai eu du mal à m'endormir par la suite. Il me laisse avec un malaise assez indescriptible, comme un arrière-goût désagréable mais qui paraît pour autant nécessaire.

Je pense que ce livre va être le plus dur à chroniquer de tous ceux qui sont sur ce blog pour le moment. Purge est un roman dense, abordant énormément de thèmes (la guerre, l'humiliation, la peur, l'amour, l'amitié, la prostitution, la violence ...), nous faisant passer par beaucoup d'émotions. J'ai l'impression que je pourrais en parler pendant des heures, et en même temps les phrases que j'arrive à en faire ne me paraissent pas du tout claires. 
Purge est ce genre de roman qui vous tombent au fond du ventre comme une brique et dont il est difficile de se séparer dans les jours qui suivent. 

Sofi Oksanen, à travers les histoires entremêlées de ses deux personnages principaux, nous fait découvrir l'histoire de l'Estonie en nous baladant entre les années 40 et 90. Cinquante ans de prise en étau entre les Russes et les Allemands, cinquante ans de difficultés économiques, de résistance, d'épreuves. On voyage également en Russie, en Allemagne, on nous parle de la Finlande. On a le droit à un vrai tour d'horizon historique et c'est un réel atout de ce roman. 

On suit Aliide, Estonienne, éperdument amoureuse d'un homme qui n'a d'yeux que pour sa sœur. Je n'ai pas su si je devais prendre en pitié ou détester ce personnage. Aliide est très ambiguë, à la fois revêche et dure, mais aussi blessée par la vie et inquiète pour l'avenir. Certains de ses actes durant le roman sont affreux, mais on arrive pas à détecter s'ils sont désespérés, prémédités ou juste si Aliide n'a pas toute sa tête.

Zara quant à elle, est plus touchante, de par son destin plutôt tragique. Élevée en temps de guerre, trouvant ensuite un semblant de calme, rêvant d'indépendance pour finalement se retrouver de nouveau emprisonnée. On ne peut espérer qu'un mieux, et on est plutôt satisfait de l'avenir qui semble se dessiner pour elle.

Ce roman nous fait réfléchir sur les implications personnelles que peut avoir la guerre, comment elle peut influer sur le caractère des populations. Dans le cas d'Aliide, c'est comme si la guerre lui faisait ressortir ses plus sombres instincts, elle en profite pour assouvir une vengeance personnelle, pour laquelle on a tout de même l'impression qu'elle éprouve des remords. 
On peut voir en Zara une occasion pour Aliide de se racheter, d'alléger sa conscience.

Ce roman accorde également une importance majeure à la femme. Leur rôle(s), leurs destinées, leur place dans la société, leurs actions; on en apprend énormément sur la situation de la femme en Estonie (et ailleurs) à l'époque. Je ne vous apprendrais rien en vous disant que la femme était simplement une ménagère, malmenée physiquement par les hommes à la moindre occasion, notamment par les soldats. On en apprend aussi sur le proxénétisme très courant plus tard, vers les années 90. 
J'ai trouvé cela extrêmement intéressant, moi qui accorde une grande importance aux questions relatives à la place de la femme dans la société. Je trouve que ce genre de récit remet la situation en perspective, et nous montre les progrès effectués, mais aussi ce qu'il reste à faire (car oui, les années 90 ce n'est pas si loin ...). Je tiens cependant à noter la balance qu'effectue Sofi Oksanen avec le personnage de Hans, homme on ne peut plus épris et respectueux de son épouse.

Ce roman est froid, dur. Sofi Oksanen sait à merveille retranscrire l'atmosphère qui devait planer en Estonie à cette époque avec son écriture sèche, sans équivoque, percutante. L'auteure donne une grande importance aux sensations, à travers la nourriture, la flore, l'environnement est très bien recréé.  

Moi qui, je l'avoue, n'avait qu'une minuscule idée de ce qu'avait pu être l'histoire de ce pays, je ressors de ce livre enrichie. C'est aussi ça que j'aime avec la lecture, on a des livres qui nous font rire, nous détendent, nous font peur, et puis on a des livres qui nous instruisent, nous permettent de s'ouvrir au monde qui nous entoure. Cela fait partie de ce que j'ai aimé avec Purge. Après l'avoir lu, on peut affirmer, comme on le dit chez moi : "je me coucherais moins bête ce soir".

Selon moi, même s'il est difficile de s'attacher aux personnages de par le style d'écriture, on ne peut cependant pas ressortir indemne de ce roman. On est forcés d'être affecté, touché, par le sort des Estoniens durant cette période. Je pense garder ce roman en tête pendant de longues années. Je le conseille à tout le monde car malgré sa dureté, il est instructif et bien mené.

L'auteure ne nous donne pas réellement de point final à cette histoire, du moins pas pour tous ses personnages. Cette fin ouverte laisse livre court à notre imagination : une amélioration ou une nouvelle chute ?

Mon avis est plutôt long, et j'ai pourtant la sensation d'avoir encore tellement à dire ... Je ne lui met "que" 16, car il manque pour moi de l'attachement aux personnages pour que ce soit un réel coup de coeur.

Je rappelle que j'ai lu ce roman dans le cadre du challenge LDPA sur Livraddict, que j'ai fait en binôme avec auchapitre. Vous pouvez consulter la chronique qu'elle a fait sur le roman que je lui ai choisi ici.

Ma note : 16/20

8 commentaires:

  1. Belle chronique! :) Purge est en effet assez difficile à digéré... Je suis curieuse de lire plus de cette auteure :)

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    1. Merci :) Moi aussi je pense à l'occasion lire autre chose de Sofi Oksanen, j'aimerais voir ce qu'elle peut écrire d'autre.

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  2. Le thème m'attire particulièrement et ta chronique me donne très envie de le lire.
    Vivement tes prochaines écritures sur des livres approchants de la même thématique et/ou du même genre.

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    1. Je pensais bien que c'est un livre qui pourrais te plaire ! Je te le prêterais avec plaisir :)
      Malheureusement pour le moment je risque plus d'enchaîner sur des livres fantastiques, qui te plairont du coup un peu moins ...

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  3. Une très belle chronique pour une personne qui était hésitante avant de l'écrire. Je l'ai dans ma PAL. ne vais rapidement le sortir. Merci tu m'as donné très envie.

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    1. Ton commentaire me fait vraiment très plaisir ! J'espère qu'il te plaira !
      Merci beaucoup :)

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  4. Il a l'air vraiment chouette, ça me donne bien envie de le lire !
    Puisque tout comme toi, j'ai un penchant pour les histoires gaies...

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    1. Je te l'emmènerais si tu veux comme ça tu me diras ton avis ! :)
      Oui hein, des histoires bien rigolotes ;)

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