mercredi 30 mars 2016

Chronique lecture #39 - L'Orangeraie / Larry Tremblay

Couverture L'orangeraie
(oui j'ai oublié de prendre une photo avant de le rendre à la bibliothèque...)

Editeur : La Table Ronde
Prix : 14.8 €
Nombre de pages : 192 p.
Genre : Contemporain
Résumé :

«Quand Amed pleure, Aziz pleure aussi. Quand Aziz rit, Amed rit aussi.» 
Ces frères jumeaux auraient pu vivre paisiblement à l'ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s'empare de leur enfance et sépare leurs destins. Amed, à moins que ce ne soit Aziz, devra consentir au plus grand des sacrifices.

C'est un roman dont il ne m'est pas facile de parler. Il est beau et fort mais il est brûlant. Quand le résumé parle de "plus grands des sacrifices" je pense c'est suffisamment explicite et vous comprenez donc que c'est terriblement d'actualité. Parler d'un tel roman n'est donc pas chose aisée. 

Au-delà de cela, c'est un roman qui m'a énormément touché et auquel je repense régulièrement depuis que je l'ai refermé. Plus mes émotions sont fortes plus j'ai peur de ne pas trouver les mots justes. C'est une oeuvre spéciale, qui mérite d'être découverte et dont j'aimerais vous parler correctement.

C'est le genre d'histoire dans laquelle on entre sans difficultés. On s'y sens bien au début, Larry Tremblay nous décrit de beaux paysages, arides, durs mais avec leurs havres de paix. Une famille pauvre mais heureuse. Leur trésor ? L'orangeraie plantée avec espoir par le grand-père, dont tout le monde se moquait, et qui pourtant a fleuri là, comme un petit miracle de la nature. On l'imagine très bien posée là, au milieu du désert, dans laquelle il fait bon trouver refuge.

Tout bascule quand la guerre s’immisce dans ce quotidien, prenant des êtres chers et insinuant un climat de tension et de vengeance permanent. Personne n'y échappe, régions et âges confondus. Nos deux petits protagonistes se retrouvent malgré eux dans ce climat de combat dont l'on connaît malheureusement l'issue.

C'est à ce moment que tout prend sa mesure, car on sait que c'est réaliste et quotidien. Des familles à la vie jusque là "paisible" (je met des guillemets car les conditions de vie même sans guerre n'en restent pas moins difficiles), sont déchirées, éclatées en l'espace de quelques minutes par l'horreur de la guerre. 

J'ai ressenti un flot d'émotions diverses avec ce roman mais les dominantes restent l'hébétude et l'impuissance, comme devant les faits réels. On est scandalisés, révoltés, répugnés, tristes, en colère et on ne peut rien faire. C'est la même chose devant ce roman si ce n'est renforcé par le fait que ce sont deux enfants qu'on endoctrine. On les arrache de leur monde pour leur donner un rôle terrible décidé par les adultes, sur lequel ils n'ont pas l'âge de former une réflexion. Ils agissent comme des enfants, parce qu'on leur dit que c'est ce qui est bien, que c'est ce qu'il faut qu'ils fassent, notamment pour leur famille.

L'auteur réussit la prouesse de ne laisser transparaître aucun jugement, aucun avis. On nous explique une manière dont les choses peuvent se passer, en montrant les sentiments (ou leur absence) de chacun. On ne tape sur personne, d'ailleurs aucun nom de pays ou de région n'est mentionné. Je n'irai pas jusqu'à dire que l'histoire est écrite avec détachement mais c'est presque ça par moments; je pense d'ailleurs que c'est en fait une force car cela reflète parfaitement selon moi ce sentiment d'impuissance face à ce genre de situations.

D'ailleurs, nous lecteurs, ne jugeons pas avec ce roman. Comme je l'ai déjà mentionné dans différentes chroniques sur le blog, on est très loin de cautionner mais on également du mal à jeter la pierre (du moins pas sur la totalité des personnages) car nous ne sommes pas dans ce contexte de guerre permanente, de conflit qui dure depuis si longtemps qu'on ne sait même plus tellement par où tout cela à commencé.

J'espère vous donner envie de le lire parce qu'il reste touchant, poétique parfois, même si je sais, et je comprends, que ce n'est pas forcément un sujet dans lequel on a consciemment envie de se plonger

Je ne lui ai mis "que" 16, car la dernière partie est un choix un peu spécial de l'auteur que je n'ai pas tout à fait compris je pense, et que j'ai trouvé un peu déroutant.

Voilà, j'espère avoir pu vous faire comprendre et ressentir un minimum mon histoire avec ce roman qui, pour moi, bien que difficile, reste à lire.

12 commentaires:

  1. Ça a l'air d'être un très beau livre, je le lirais volontiers...

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    1. Je suis ravie d'avoir pu te donner envie !
      Il est très beau effectivement.
      Merci de ton passage :)

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  2. Je comprends mieux pourquoi il t'était difficile d'en parler, mais ta chronique est géniale. On sens que ce livre a eu un impact sur toi et cela donne envie de le découvrir. Habituellement je ne lis pas ce genre de livre où l'auteur est très souvent de partis pris. Merci pour cette découverte je serai passé à côté.

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    1. Oh my, merci beaucoup !
      J'avais tellement l'impression de mal en parler ...
      Effectivement comme je le dis ici, il n'y a pas de parti pris de l'auteur, ou alors je suis vraiment passée à côté.

      Je suis très contente de t'avoir tentée !

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  3. Ta chronique donne envie ! On sent que ce livre t'a profondément remué.

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  4. Je suis vraiment intéressé par ce roman ! Je le note :)

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  5. Tu me donnes très envie de le lire ! Je vais voir s'il est à ma médiathèque, et sinon, je l'ajouterai à la WL !

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    1. J'en suis très contente !
      C'est un roman qui vaut le détour.

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  6. Dans ma PAL depuis un moment, il faudrait que je me décide à le lire !

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    1. Je te le conseilles ! Il ne faut pas être dans une trop mauvaise période je pense quand même, mais il vaut la peine d'être lu !

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