Editeur : Actes Sud
Prix : 19 €
Nombre de pages : 247 p.
Genre : Contemporain
Résumé :
Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent " l'argent de New York ", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Mon avis :
Cela faisait un moment que ce roman était dans ma wishlist, après avoir vu une vidéo de Margaud Liseuse où elle en parlait très positivement. Quand je l'ai vu dans la bibliothèque où je travaille je n'ai donc pas hésité à l'emprunter. Qu'est-ce que j'ai bien fait.
Ma lecture a été un vrai moment de bonheur et de légèreté. C'est le genre de lecture où les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. J'ai été totalement happé par l'histoire que Laurent Gaudé met en place. Pendant ces quelques 250 pages j'ai moi aussi eu l'impression d'être sous le soleil écrasant des Pouilles à vendre des cigarettes. Durant 250 pages, je me suis sentie Scorta moi aussi.
Le roman nous retrace l'histoire tumultueuse d'une famille italienne, durant cinq générations. On vit avec eux les misères, les joies, les tragédies, les colères, les amours; tout ce qui construit et rythme la vie.
J'ai trouvé tout le récit magnifiquement tourné, on a une histoire complète et toutes nos attentes sont comblées en un nombre réduit de pages. Nos cinq générations apparaissent de manière fluide, avec en trame de fond le point de vue du pilier de la famille, Carmela, qui tient à raconter sa vie avant de la perdre.
Ce roman dépeint à merveille et d'une manière étonnamment fidèle les coutumes, croyances, comportements des villages du fin fond de la botte italienne. Pour pouvoir donner une certaine résonance personnelle à cette atmosphère, j'ai trouvé le portrait de famille sublime.
Les caractères sont vrais, sans tomber dans quelconque cliché. L'auteur n'essaie pas d'aseptiser ou de rendre plus conformes ses personnages. Ils ont chacun leurs qualités et défauts, en sont conscients et les assument, les revendiquent même. Ces hommes et cette femme ne se font pas d'illusion sur ce qu'ils ont été, ce qu'ils ont transmis.
C'est criant de réalité, juste, honnête. C'est gai et triste à la fois, on passe par toutes sortes de sentiments. Laurent Gaudé réussit la prouesse de, avec une histoire simple, créer quelque chose de superbe.
Les paysages, les odeurs, sont parfaitement décrits c'est également ce qui contribue à l'immersion totale du lecteur dans le petit village de Montepuccio. On comprend la dureté de la vie, la dureté de la terre et l'amour inconditionnel porté aux racines, la fierté traditionnelle des italiens.
Pour moi ce récit est une ode paradoxale à l'évasion et à la famille. On y entrevoie les valeurs essentielles à cette lignée, auxquelles il est facile de s'identifier. On a à la fois envie d'échapper à ce village, à cette destinée mais on se demande aussi si finalement ce n'est pas le plus simple des bonheurs.
Je redemande du Laurent Gaudé, j'ai adoré sa plume et sa manière de manier les mots. C'est typiquement le genre de récit où je me maudit de ne pas avoir un tel talent d'écriture. Les récompenses que ce roman a reçu sont amplement méritées.
Ma note : 18/20
Ta chronique fait effectivement ressortir les qualités de ce roman. Ce qui prouve d'ailleurs qu'il est possible dans un roman court, sans fioritures ou tirer la ligne, de poser une ambiance et d'emporter le lecteur grâce au talent de l'écrivain !
RépondreSupprimerDocteurManhattan
Je suis bien d'accord ! Ca me donne envie de lire un peu plus de romans courts :)
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